Halte à la guerre, refusons ensemble une intervention de la France en Syrie

Par Laurent Dupré,

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Hollande, tel Naboléon, s’apprête à suivre en bon petit soldat, les USA dans une aventure militaire des plus dangereuses.

Depuis la fin du mois d’août, la France retient son souffle devant la volonté de son Président de vouloir « punir » le boucher de Damas, accusé d’avoir gazé sa propre population. Avant même d’obtenir les preuves de cet acte barbare, Américains et « hollandais », très isolés sur la scène internationale, cherchent à regrouper une « coalition » afin de frapper militairement le régime de Damas. Ils ajoutent également à la précipitation guerrière une contradiction plutôt baroque s’y elle n’était pas dramatique en terme de jurisprudence : intervenir au nom du droit international tout en s’affrichant de ce dernier.on, s’apprête à suivre en bon petit soldat, les USA dans une aventure militaire des plus dangereuses.

Mais quand bien même cette intervention serait légalisée par un vote du Conseil de sécurité, en est-elle pour autant légitime ?

Les USA, qui s’apprêtent avec la France comme premier vassal à jouer une fois de plus les « gendarmes du monde », disposent du premier arsenal chimique de la planète. Ils l’ont utilisé à plusieurs reprise depuis l’après-guerre. Durant la guerre du Viet-Nam, ils ont bombardé massivement le nord à l’agent-orange. Plus récemment, ils ont permis à Saddam Hussein d’utiliser des armes chimiques contre les kurdes irakiens et l’armée iranienne en 1988.

De plus, comment rendre crédible une quelconque intervention alors que les États-Unis font face à l’échec retentissant de leurs diverses campagnes militaires. L’Irak est plongé dans le chaos et les victimes quotidiennes des attentats terroristes se comptent actuellement par centaines. En Afghanistan, dans un état corrompu dont l’autorité ne franchi pas les faubourgs de Kaboul, ils sont obligés de négocier avec ceux qu’ils se promettaient de châtier, les talibans. La Libye est aujourd’hui en proie aux divisions tribales et le sud du pays sert de base arrière aux groupes mafieux et salafistes qui déstabilisent la zone sahélienne. En France, nous attendons toujours le débat sur le bilan de l’intervention au Mali, que le PG avait contesté en son temps.

A ces échecs successifs de l’interventionnisme américain s’ajoute la propension au mensonge des officines militaires état-uniennes. Rappelons-nous de la fiole d’antrax exhibée par Collin Powell afin de contraindre la communauté internationale à accepter le bien-fondé d’une nouvelle guerre en Irak ! Le mensonge aujourd’hui réside peut-être dans le rapport de 9 pages produit comme preuve à charge contre Assad au sujet de l’attaque chimique de Damas. Car le fait qui est aujourd’hui véritablement établit, c’est l’attaque, pas les commanditaires. Si Assad est tout à fait capable d’un tel acte, certains éléments rebelles syriens le sont également.

Mais intervenir militairement en Syrie, c’est également se heurter à l’enchevêtrement des intérêts contradictoires des différentes puissances régionales. Les américains et les Français feraient ainsi courir le risque d’un embrasement généralisé au Moyen-Orient. La Russie possède une base militaire en Syrie. Les mollahs iraniens, qui ont poussé leurs pions en Irak et au Liban, ne resteront pas l’arme au pied. L’Arabie Saoudite et les pétromonarchies fortes du soutien américain entendent développer leur influence en utilisant un islam des plus réactionnaire.

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On ne résout rien en ajoutant la guerre à la guerre. Cette guerre civile en Syrie, voulu par Assad afin d’enrayer les aspirations du peuple syrien à la démocratie, aspirations exprimées lors du printemps arabe de 2011 et réprimées de la manière barbare, ne peut avoir qu’une résolution politique. Alain Gresh l’exprime très bien dans une analyse pertinente de la situation sur le blog du Monde Diplomatique. Il reprenant notamment les propositions alternatives de l’international crisis group :

« Que les États-Unis décident ou non de lancer une offensive militaire, leur responsabilité serait d’essayer d’optimiser les chances d’une percée diplomatique. Cela exige un effort double qui a fait défaut jusqu’à présent : l’élaboration d’une offre politique de compromis réaliste ainsi qu’une main tendue à la Russie et à l’Iran d’une manière à susciter leur intérêt — plutôt que d’investir dans un conflit prolongé qui a une capacité apparemment sans fin de s’aggraver la situation.

Dans cet esprit, les Etats-Unis et les alliés de la Syrie devraient envisager d’offrir sérieusement et de manière constructive une proposition basée sur les éléments suivants :

– Il est impératif de mettre fin à cette guerre. L’escalade, l’instabilité régionale et sa dimension internationale servent l’intérêt de personne ;

– la seule issue est politique. Cela exige des concessions importantes et une baisse des exigences de toutes les parties. La seule issue viable est un compromis qui protège les intérêts de tous les groupes syriens et reflète plutôt que modifie l’équilibre stratégique régional 

– la crise syrienne constitue une occasion importante de tester la capacité des Etats-Unis et de la République islamique d’Iran à travailler ensemble sur les questions régionales pour rétablir la stabilité 

– une issue politique viable en Syrie ne peut pas voir la direction actuelle rester indéfiniment au pouvoir, mais quoiqu’il en soit, les Etats-Unis peuvent se montrer flexibles en ce qui concerne le calendrier et les modalités spécifiques 

– les Etats-Unis tiennent à éviter l’effondrement de l’Etat syrien et le vide politique qui en résulterait. L’objectif devrait donc être une transition qui s’appuie sur les institutions existantes plutôt que sur leur remplacement. Notamment en ce qui concerne l’armée ;

– la priorité doit être de veiller à ce qu’aucun élément de la société syrienne ne soit la cible de représailles, de discrimination ou de marginalisation dans le contexte d’un arrangement négocié. »

La position du Parti de Gauche est claire : une intervention armée n’apporterait aucune solution au peuple syrien. Pire, elle pourrait entraîner une conflagration régionale dont les peuples seraient les premiers à en souffrir. Le PG condamne l’attitude atlantiste de Français Hollande. Certes, elle ne nous étonne pas. En son temps, la vieille SFIO s’alignait sans fléchir sur la politique américaine. Mais aujourd’hui, la donne est différente car François Hollande s’apprête à affranchir la France du droit international. Il veut la lier à une coalition illégale menée par les USA sans l’accord de la communauté internationale. Il s’agit d’une rupture dans notre politique internationale, rupture qui aujourd’hui nous mène à l’isolement en Europe et dans le monde. L’appel de onze pays européens pour une « réponse forte » en Syrie ne vaut d’ailleurs pas quitus pour une intervention armée.

Il est de notre devoir de parti internationaliste de mobiliser contre la logique guerrière des gouvernements français et américain. C’est pourquoi le PG90 au sein d’un collectif d’organisations, a appellé au rassemblement du jeudi 12 septembre à Fontaine de Rougemont sur le faubourg de France à Belfort . Le journal L’Humanité fait signer une pétition en ligne à l’adresse suivant : http://www.humanite.fr/non-a-une-intervention-militaire-de-la-france-en-syrie. Faisons ensemble échec aux logiques va-t-en guerre de Hollande et ensemble faisons gagner la paix.

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