Editorial : Hollande et son social-libéralisme, chemin sans retour

Par Michel Renaud

chomageLe président de la république s’est lancé dans une compétition avec Nicolas Sarkozy pour savoir lequel aura le plus favorisé le patronat et baissé les dépenses publiques. Hollande est l’auteur du contournement du débat démocratique puisqu’il impose la création d’un conseil stratégique de la dépense publique se réunissant tous les mois autour de lui. À quoi servent alors le ministre du budget et les commissions des finances du parlement? Il annonce de l’engagement au printemps de la responsabilité du gouvernement sur le pacte de responsabilité. Tous ceux qui à gauche espéraient des contreparties sont trompés. Le président du MEDEF après s’être félicité de ces cadeaux a eu l’audace de dire qu’il n’y aurait aucun engagement écrit en échange.

Le compromis social historique vanté par Hollande relève de l’humour noir surtout au moment où les syndicalistes sont victimes d’acharnement judiciaire, où les élections et tribunaux prud’homaux sont menacés de disparition, et où le travail du dimanche est imposé par décret.

Hollande a donc choisi d’emprunter le chemin sans retour du social-libéralisme.

C’est un choix idéologique et non une question de pragmatisme. Sa réaffirmation de la primauté de la politique de l’offre et la nécessité d’une croissance rigoureuse ont dû interpeller plus d’un écologiste. Pour lui le principal problème de l’économie française est l’insuffisance de la production car l’offre crée la demande.

C’est absurde. Aucune entreprise ne produit plus si elle n’est pas assurée de vendre plus, et si vous n’avez rien dans votre porte-monnaie vous ne consommerez pas plus. Pour masquer le flirt avec le patronat, le discours social- libéral est sans limite et a beaucoup plu à la CDU allemande qui s’est empressée de saluer « un clair changement ».

L’idéologie de la baisse des dépenses publiques concerne aussi les collectivités locales. Leur structuration sera dorénavant à géométrie variable, volontaire, ou imposée aux récalcitrants au moyen de la modulation des dotations. Les inégalités découlant de ce démantèlement de l’unité territoriale auront un lien très fort avec la politique nationale. Les régions vont donc être dotées « de nouvelles responsabilités » et du pouvoir « d’adaptation locale des lois »

L’heure est au regroupement de tous ceux qui ne veulent pas cautionner un tel cours libéral dont nous savons, pour en avoir vu les conséquences dans d’autres pays, combien il est désastreux pour les peuples qui le subissent.

Puisque Hollande a choisi d’abandonner la gauche, notre responsabilité est claire : construire l’opposition de gauche.

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