Hausse du SMIC ?

En juillet 2012, le gouvernement Ayrault avait fait aux salariés rémunérés au SMIC l’aumône d’une augmentation « par avance » de 2%, leur offrant ainsi la pitoyable perspective de pouvoir s’offrir un carambar supplémentaire par jour. Cette revalorisation anticipée avait ensuite permis la quasi-stagnation du SMIC en janvier 2013 où il n’avait augmenté que de 0.3%.
En 2014, pour suivre les recommandations d’un obscur groupe d’« experts » sur le SMIC, le gouvernement a décidé de n’accorder aucun coup de pouce aux salariés français. Ainsi, au premier janvier 2014, le SMIC a-t-il été « revalorisé » de 1,1%, ce qui porte le montant du SMIC horaire à 9,53 euros (contre 9,43 en 2013). Le salaire mensuel des salariés à temps plein rémunérés au SMIC atteindra donc 1446 euros brut par mois, soit 1132 euros net.
En 2013 le SMIC net était de 1120 euros par mois, les salariés au SMIC vont donc, en apparence, bénéficier d’une augmentation de salaire de 12 euros par mois. En réalité, le gain de pouvoir d’achat sera moindre puisqu’il faut tenir compte de l’inflation qui a été de 0.6% en 2013. Une fois corrigé de l’inflation, le gain de pouvoir d’achat du SMIC est donc de 5.6 euros par mois. A ce tarif, on n’atteint même plus le carambar quotidien…
Le SMIC français, rien d’un privilège
Contrairement aux idées répandues par les médias dominants, le SMIC français est loin d’être le salaire minimum le plus élevé en Europe et les salariés français ne bénéficient d’aucun privilège. En 2013, au Luxembourg, le salaire minimum s’élevait à 1874 euros brut, il était de 1501 euros en Belgique, de 1471 euros au Pays Bas et de 1461 euros en Irlande. Les smicards français ne sont donc en rien des privilégiés. Ils le sont encore moins au regard des salaires versés à leur compatriotes : en 2011 (dernières données INSEE disponibles) le salaire médian était de 1712 euros par mois, ce qui signifie que 50% des salariés français gagnaient plus et 50% gagnaient moins. Le salaire moyen des salariés français était de 2130 euros soit 1,9 fois le SMIC version 2014. Pire, le SMIC à 1132 euros se situe en dessous de la limite du premier décile (1170 euros) en dessous duquel sont rémunérés les 10% des salariés les plus pauvres. Dans ce contexte, on voit mal comment une augmentation de 5,6 euros pourra permettre le moindre rattrapage salarial.
Les salariés au SMIC encore plus pauvres en 2014
5.6 euros d’augmentation de pouvoir d’achat… c’est sans compter la hausse de la TVA dont la plupart des taux ont, eux, réellement augmenté au premier janvier 2014. Avec cette hausse, un ménage de quatre personnes devra acquitter chaque année 428 euros de taxe supplémentaires. Pas besoin de calculs savants pour se rendre compte que les salariés au SMIC vont, au final, perdre du pouvoir d’achat.
Rappelons que cette hausse de la TVA servira à financer les 20 milliards d’euros de cadeaux faits aux entreprises au titre du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Le CICE a pour objectif de faire baisser, une fois encore, un fantasmatique « coût du travail » en organisant un énième transfert de richesse des ménages vers les entreprises et les actionnaires.
Ainsi, depuis le 1er janvier, le taux normal de la TVA est passé de 19,6% à 20% et, surtout, le taux intermédiaire (celui de l’hôtellerie, de la restauration mais aussi des transports publics, de l’électricité et des médicaments non remboursables) est passé de 7 à 10%. La TVA est pourtant l’impôt le plus injuste socialement puisqu’il frappe davantage les ménages modestes qui consomment une part plus importante de leur revenu que les ménages plus aisés.
Alors que l’INSEE a confirmé mi-décembre que le pouvoir d’achat des français avait reculé au troisième trimestre, la hausse de la TVA et la stagnation du salaire minimum vont rogner une fois encore sur le pouvoir d’achat des ménages populaire et tirer davantage la consommation vers le bas.
Vite, le SMIC à 1700 euros !
Les « experts » font semblant de craindre qu’une augmentation du SMIC ne se traduise par une baisse de l’emploi et de la compétitivité des entreprises. Pourtant dans la période de croissance nulle voire de récession, une relance de la consommation serait plus que bienvenue. Plutôt qu’une diminution du pouvoir d’achat, c’est bien d’une augmentation massive des salaires versés aux plus modestes que la France a besoin.
Le Parti de Gauche, défend plus que jamais la hausse immédiate du SMIC à 1700 euros bruts. Cette exigence est également soutenue par des syndicats comme FO ou la CGT. Cette hausse de 20% du salaire minimum n’a rien d’irréaliste ni d’idéaliste comme certains voudraient le laisser penser. C’est, en tout état de cause, bien moins irréaliste que de penser que l’on peut vivre décemment avec 1132 euros nets par mois. L’augmentation du SMIC à 1700 euros permettra simplement d’assurer à toutes et tous une vie décente, c’est-à-dire la possibilité de se loger, de se nourrir, de se soigner, de se chauffer, de se déplacer, de s’instruire etc.
Exiger le SMIC à 1700 euros, ça n’est pas demander aux entreprises de payer davantage avec de l’argent qu’elles n’ont pas. D’autant que cette mesure sera assortie de la mise en place d’un salaire maximum. Il s’agit simplement d’organiser une répartition plus juste de la richesse créée par le travail et qui est pour l’instant captée par le capital. Une hausse du SMIC à 1700 ne « coûtera » aux entreprises privées que 10 milliards d’euros. C’est à peine 0.5 point de PIB, soit une infime fraction de la richesse créé par les travailleurs et qui est à l’heure actuelle accaparée par les capitalistes.
Aujourd’hui 13% de l’ensemble des salariés sont payés au SMIC et 30% de ceux et, plus souvent, celles qui travaillent à temps partiel. Ainsi en 2013, 3,1 millions de salariés étaient payés au smic, c’est un demi-million de personnes de plus que l’année précédente. Dès lors, en plus d’être socialement juste, la hausse du SMIC sera économiquement efficace puisqu’elle permettra une importante relance de la consommation. Une hausse du SMIC créera par ailleurs une pression à la hausse sur l’ensemble des bas salaires. Au final, au moins un quart des salariés pourront bénéficier d’une amélioration sensible de leur pouvoir d’achat.
Le salaire n’est pas un « coût » de production, c’est la rémunération du travail fourni par les travailleurs qui, seul, est créateur de valeur. C’est aussi le moteur de la consommation. Exigeons un partage juste des richesses. Rendons aux travailleurs la richesse qui leur est due !

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