Editorial : Le FN ami de la finance

Par Michel Renaud

La famille Le Pen sait utiliser la finance. C’est un proches conseiller de Marine Le Pen qui a ouvert le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac, et Jean-Marie le Pen a été condamné pour fraude fiscale. Ces simples faits démontrent la proximité naturelle du FN et de son programme avec les intérêts de la finance.

Marine Le Pen veut accélérer le remboursement de la dette aux banques.

Elle propose ainsi de rembourser de manière anticipée « la moitié de la dette d’ici 2025 » . Cela représente 65 milliards d’euros supplémentaires par an à rembourser aux banques pendant 13 ans. C’est deux fois les plans d’austérité Hollande/Cahuzac soit 37 milliards d’euros pour 2013.

Marine Le Pen défend le pouvoir des actionnaires contre les salariés.

Dans son projet de « capitalisme populaire » elle propose une « réserve légale d’action » pour les salariés dans les entreprises, mais sans « droit de vote » comme les autres actionnaires. Ce serait une régression par rapport à l’épargne salariale actuelle et un pouvoir supplémentaire donné aux actionnaires non salariés.

Le FN défend les fonds de pensions Lors de la réforme des retraite de 2010 le FN s’est prononcé pour «  le développement des régimes de retraite complémentaire par capitalisation ouverts à tous et dont les versements, auprès d’organismes agréés par l’Etat, seront déductibles des revenus imposables ». Cela conduirait à subventionner le développement des fonds de pension comme dans les pays anglo-saxons au détriment de la retraite par répartition.

Le « franc FN » sera encore plus soumis aux marchés financiers que l’euro.

L’américain Milton Friedman vanté par le FN  critique l’euro et sous le couvert de la liberté monétaire prône des politiques monétaires restrictives qui nient tout pouvoir efficace de la politique pour soutenir l’activité. Cet économiste considère ainsi que l’Etat doit s’abstenir d’intervenir dans la politique monétaire mais aussi dans la politique de change. Pire il prône la disparition des banques centrales comme institutions politiques en les remplaçant par des mécanismes automatiques d’ajustement de la masse monétaire. La BCE en pire en quelque sorte.

Le FN préfère la dépense privée à la dépense publique.

Dans ses grandes orientations économiques d’avril 2011 le FN explique qu’ « une dépense publique massive et nocive prospère comme jamais »

Dans cette logique les députés FN  soutiennent l’austérité et prônent même l’aggravation des coupes dans les dépenses publique.

La députée FN Marion Maréchal-Le Pen a expliqué dans le débat sur le Traité budgétaire européen le 2 octobre 2012 à l’Assemblée Nationale en accord avec l’UMP et le PS : «  il existe une véritable nécessité d’arrêter la folie du déficit. Je suis d’accord avec vous ». De même elle a plaidé pour un renforcement de l’austérité le 20 janvier 2013 à l’Assemblée  nationale  en demandant la baisse des budgets des collectivités locales «  il va falloir s’accoutumer à ce que les budgets des collectivités ou des administrations ne progressent pas éternellement plus vite que la croissance, mais au contraire, diminuent en valeur, voire en volume »

C’est le Front de Gauche qui aura l’immense tâche de combattre les mensonges du Front National. La politique économique de Marine Le Pen, héritée des thèses défendues par le père, soutient affiché de Reagan, est clairement libérale et va à l’encontre de l’intérêt des travailleurs. Les médias et le PS ont abandonné les démonstrations et s’accommodent volontiers de l’image d’un FN défenseur des ouvriers, contre toute analyse politique argumentée de son programme…

Ne laissons pas faire, réagissons pour rétablir la vérité ; pour la défense de nos acquis sociaux et des plus faibles, qui seraient les premières victimes de la politique du FN.

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