Editorial : Contre la réforme des retraites préparée par le gouvernement socialiste

Par Michel Renaud

68458_447185232009294_1388727784_nLa troïka européenne donne ses instructions au gouvernement socialiste pour procéder sur deux ans à la réduction des déficits publics de la France contre les intérêts des français et au profit de la finance . Cela concerne plus particulièrement à une novelle réforme et des mesures concernant les retraites des français. Le parti de gauche dénonce les quatre arguments avancés dans cette nouvelle réforme

Il n’y a pas de problème démographique

Nous vivons plus longtemps réjouissons nous Ces années gagnées sont une conséquence du progrès des conditions de vie et du progrès social dont la retraite à 60 ans . Mais les inégalités d’espérance de vie demeurent : un ouvrier (soit 1/’ des salariés) vit en moyenne 6 ans de moins qu’un cadre. L’espérance de vie en bonne santé est aujourd’hui, en France seulement de 61,8 ans. Et cette espérance de vie en bonne santé stagne ou recule dans de nombreux pays d’Europe dont la France et comme l’Allemagne depuis que l’âge légal de la retraite a été reculé à 65 ans.

Il n’y aurait plus que 7,6 retraités pour 10 actifs à l’Horizon 2060 ? Oui mais avec des actifs qui produisent plus de richesses. En 1900, la France comptait 1 agriculteur pour 3 habitants, aujourd’hui elle n’en compte plus que 1 pour 30 habitants. Connaissons nous pour autant la famine ? Non car les progrès techniques ont amélioré le rendement de cette agriculture.

C’est la même chose avec les retraites : la croissance multiplie les richesses chaque année , le PIB aura doublé en 2060. A nous de consacrer une part croissante des richesses à la solidarité nationale. Mieux répartir des richesses multipliées par deux , voilà le défi des retraites à l’horizon 2060.

Il n’y a pas de problème de financement

Cessons le catastrophisme. Même dans les pires projections le déficit des caisses de retraites ne représente jamais que 0% à 3% du PIB. A quoi cela sert il d’être une des premières économie mondiale si ce n’est pas pour consacrer une part de la richesse nationale à profiter en bonne santé de nos retraites ? Depuis 25 ans, la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de 8 à 10 points. Les profits ont augmenté d’autant et se sont envolés en spéculation sans bénéficier ni à l’investissement, ni à l’emploi. Rattrapons ce retard

Mais le déficit des caisses de retraites est aussi le produit des politiques d’austérité. Elles jettent la France et l’Europe dans une spirale récessive et entraînent la montée du chômage. Pour atteindre l’équilibre des retraites il faudrait d’abord relancer l’emploi. D’ailleurs selon les scénarios de reprise de la croissance, les calculs montrent que les caisses de retraites retrouvent leur équilibre si le chômage baisse vraiment.

Une réforme injuste et inadaptée fait d’abord baisser les pensions

417886_594447427240664_1757852882_nLe recul de l’âge légal de départ à la retraite et l’allongement de la durée des cotisations sont de fausses solutions.

60% des personnes sont hors emploi lorsqu’elles liquident leur droit à la retraite, l’entrée sur le marché du travail se fait de plus en plus tardivement, un jeune sur quatre est au chômage. C’est dire si l’allongement de la durée de cotisations va multiplier les retraites incomplètes. La première conséquence du recul de l’âge légal c’est d’abord de faire baisser les pensions. Il va donc aussi avoir pour effet mécanique de creuser le déficit de l’assurance chômage.

L’idée sous-jacente est de faire baisser les pensions, de contraindre les salariés à cotiser pour une retraite complémentaire et développer les assurances individuelles privées. Aujourd’hui les retraites représentent un flux de 245 milliards d’euros qui échappe aux marchés financiers. C’est bien à la finance que profitera le crime.

C’est un déni de démocratie

Hollande veut mener rapidement cette réforme des retraites alors qu’il n’a pas été élu pour ça. Pendant sa campagne présidentielle, il n’a jamais parlé d’allonger les cotisations. Au contraire les français l’ont choisi pour dégager Sarkozy et sa réforme inique des retraites de 2010.

Pire, lié par le traité européen (TSGC) qu’il n’a pas renégocié ni modifié d’une ligne, Hollande se soumet au diktat de l’Union européenne et du FMI qui exigent des réformes structurelles de notre économie et de notre modèle social.

C’est au peuple de choisir son modèle de société et de solidarité. La Commission européenne appelle la France à augmenter « encore l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en réexaminant les régimes spéciaux » Ce n’est pas à la Commission européenne de dicter sa loi.

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