Les alliés permanents

Par Michel Renaud

Le parti social démocrate s’est allié avec la CDU d’Angela Merkel pour former un nouveau gouvernement en Allemagne. Cette attitude est la conséquence logique de l’orientation politique du SPD.

Au Bundestag, le parlement allemand, il existe potentiellement une autre majorité que l’alliance avec Merkel. En effet le SPD, les Verts et Die Linke détiennent 320 sièges sur les 630 que compte la chambre basse. Bien sûr cette majorité est faible et elle supposerait que le SPD renonce à son orientation sociale-libérale, mais elle existe. Si Angela Merkel est réélue chancelière d’Allemagne se sera la responsabilité pleine et entière du SPD allié de François Hollande.

Le SPD a toujours exclu de gouverner avec Die Linke et même avec son seul appui au moment de la formation du gouvernement. Le SPD partage la même orientation que la droite allemande. Cela est vérifié depuis plus d’une décennie avec les réformes néolibérales de Gerhard Schröder au début des années 2000.

En 2005 déjà il a préféré s’allier avec la droite portant Angela Merkel au pouvoir qu’avec les Verts et Die Linke alors qu’avec une telle majorité existait. Les quatre années de cette première coalition se sont soldées par une politique libérale d’une rare violence : report de l’age a la retraite de 65 à 67 ans, hausse de la TVA de 16% à 19%, nouvelle baisse de l’impôt sur les sociétés… Le SPD a été lourdement sanctionné en 2009 en obtenant seulement 23% des voix, son plus mauvais score depuis 1945.

Le SPD n’a retenu aucune leçon. Cette année après quatre ans dans l’opposition son candidat à la chancellerie Peer Steinbrück était l’ancien ministre des finances d’Angela Merkel, celui-là même qui avait augmenté la TVA. Les électeurs ne sont s’y sont pas trompés en lui donnant en 2013 un score sensiblement identique à celui de 2009.

L’alliance du SPD avec Merkel est donc logique. Elle est à l’image de l’alliance de toute la social-démocratie européenne avec la droite en Europe. En France comme en Allemagne les traités européens sont votés en chœur par les sociaux libéraux et la droite.

L’alliance de la droite et des sociaux libéraux est une des manières qu’a trouvées l’oligarchie pour continuer à dominer les peuples européens et poursuivre à marche forcée l’austérité. Quand ce n’est pas suffisant, les deux camps s’allient pour appliquer ensemble l’austérité en contournant le jugement du peuple. C’est le cas en Grèce où depuis juin dernier le parti socialiste PASOK gouverne avec le parti de droite Nouvelle démocratie. C’est le cas en Italie ou depuis la défaite de Mario Monti le Parti Démocrate de centre gauche gouverne avec le Peuple de la Liberté berlusconien.

Aujourd’hui dans l’Union européenne, on compte pas moins de 11 gouvernements alliant sociaux libéraux et droite. Dans cinq pays le PS dirige le gouvernement avec l’aide de la droite : Italie, Belgique, Danemark, Bulgarie, Croatie. Dans six pays les sociaux libéraux aident un premier ministre de droite à gouverner : Grèce, Irlande, Finlande, Pays-Bas, Slovénie, Luxembourg. Le total devrait monter à 13 pays sur 28 puisque les grandes coalitions de ce type doivent être finalisée prochainement en Allemagne et en Autriche . A la fin de l’année c’est donc la moitié des pays de l’Union européenne qui sera gouvernée par une alliance de la prétendue gauche et de la vraie droite.

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